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Nunc dimittis…, pour ténor solo et quatuor à cordes, a été écrit en 2005, pour une série de concerts donnés à New York et en Suisse romande, avec l’ensemble Côte & Chœur, le Quatuor Sine Nomine et le ténor Gilles Bersier. L’idée était de construire un programme en trois parties distinctes et contrastées: 12 noëls populaires «revisités» pour chœur d’hommes, ténor solo et quatuor (tradition), le Nunc dimittis… proprement dit, (musique nouvelle), et une œuvre de musique de chambre, extraite du répertoire de Sine Nomine. Nunc dimittis… emploie un langage très différent de celui des noëls populaires. Le texte a été élaboré à partir de deux textes: le Cantique de Siméon, qui est adressé notamment à Marie, et le texte de l’Ave Maria. Ce cantique se termine par une prédiction redoutable et dramatique: «Voici que cet enfant est destiné à être une cause de chute et de relèvement pour beaucoup en Israël, et un signe qui provoquera la contradiction ; à toi-même (Marie) une épée transpercera l’âme.» L’Ave Maria, qui se veut élan humain face à cette sombre prédiction, commence et termine cette composition. Assez éloignée de l’esprit et l’esthétique des noëls traditionnels, cette pièce, de par son texte, est rattachée très directement à la période de la naissance du Christ. Notons que, pour la série de concerts à venir, le ténor soliste sera Bertrand Bochud, complice durant une belle série d’années au sein du quatuor du Jaquemart, et devenu maintenant un soliste bien présent sur nos scènes romandes et déjà bien au-delà. On vous dit sensible à la musique spirituelle; pourquoi, quelle approche, quelle expérience? La musique spirituelle… Je suis croyant, donc travailler sur un texte biblique ne va pas me poser de problème au niveau de mes convictions! Voilà déjà un bout de réponse. Par ailleurs, le latin, très agréable à chanter et à mettre en musique, fait souvent partie des vœux exprimés par les commanditaires, ce qui me convient particulièrement car je me sens plus libre de mes mouvements dans cette langue colorée et rythmée, qu’avec un texte en français. Mais la raison principale est, me semble-t-il, ailleurs: les commandes d’oeuvres chorales dans un langage élaboré sont souvent accompagnées d’une recommandation pour le choix d’un texte biblique, et parfois en latin. Cela est probablement lié au type de concerts dans lesquels sera chantée la pièce: bien souvent des églises. Mais il est possible qu’avec le temps et le nombre de compositions réalisées à partir de tels textes, on finisse par m’attribuer une sorte de vocation spirituelle, qui ne me dérange pas, mais dont je ne me sens pas vraiment investi!
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