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Articles Sympafolio

Courrier : réponse à "agitato con fuoco"
article paru en Juin 2006

Foutues mentions !

Réponse à "agitato con fuoco" (Sympafolio no 33 / juillet 2002)

 

Cher agitato con fuoco,

 

Pardonne cette familiarité, mais malgré le secret qui entoure ton identité, comme moi, je te sens très proche du monde choral, animé de compétences et d´une sensibilité qui m´a touché. Pardonne également d´avoir laissé passer autant de temps avant de réagir à ta lettre de juillet 2002. Sache que je l´ai lue avec beaucoup d´intérêt, que je l´ai conservée, mais, surtout, qu´elle m´a plongé dans une longue période - trois ans ! - de réflexion et d´observation.

 

Avant de t´écrire, je souhaitais vivre, une fois encore, les changements qui s´opéraient au sein des associations chorales lors de leurs rencontres, plus particulièrement les appréciations données à l´issue des productions chorales devant jury. C´est vrai, il y a de quoi s´y perdre: commentaires, conseils, évaluations à visée formative côtoient allègrement  jugements comparatifs, classement par points, prix, mentions, franges ! Cette juxtaposition a réellement de quoi "détourner l´attention sur de stupides querelles de clocher au détriment d´une réflexion fondamentale".

 

Tes propos liminaires restent valables. "La nature humaine a besoin de certaines tensions, de ces poussées d´adrénaline pour produire le meilleur d´elle-même", mais les présentations publiques ne justifient pas la polémique que les récompenses peuvent engendrer par la suite. Le résultat obtenu, mérité ou espéré, le classement ("meilleur que", "moins bon que"), provoque parfois des tensions qui peuvent remettre en question la participation des chorales à ce genre de rencontre. Elle focalise l´attention sur un classement, très loin de l´orientation qu´on doit attendre de ces rencontres. Je te l´accorde, entre formation et sélection, il y a lieu de faire un choix.

 

Mais alors que penser des avis exprimés par les jurys lors des rencontres ? Les rapports succincts ont fait leur apparition il y a quelques années. Je tiens à ta disposition un exemple qui ne fait que des constats sur la prestation et qui ne propose aucune "piste de travail en fonction du niveau, des compétences intrinsèques" de la chorale. Je pourrais te montrer un autre rapport où les experts ont exprimé un avis sur deux pièces seulement des cinq œuvres exécutées ! Que penser alors des chœurs non critiqués ? Ces rapports écrits ne sont souvent que la répétition des impressions du jury: des constats, des observations, des remarques. Pas d´analyse, pas de piste de travail. Crois-tu vraiment qu´en quelques minutes, avec quelques formules synthétiques, il soit possible de procéder à une "réflexion fondamentale des éléments essentiels comme le choix du répertoire, son analyse approfondie" d´une chorale ?

 

Soyons honnêtes ! A cette échelle, par manque de recul, de temps de réflexion, de moyens, le jury ne peut analyser les points forts et les points faibles, et dispenser des conseils avisés sans perdre de sa pertinence et de sa crédibilité.

 

Vois-tu cher agitato, sans être passéiste, j´en viens à regretter le temps où la critique écrite de chaque pièce interprétée donnait aux chefs les éléments nécessaires à faire progresser son ensemble. La formulation écrite de critiques nécessite de la part des jurys un effort important de réflexion et de rédaction, c´est là leur rôle. Le côté "fast-food" des grilles d´évaluation a quelque chose d´indigeste pour qui aime le "comment bien chanter". Les "OK", "en général bon", "à améliorer" ne sont que caricatures de critiques, commentaires creux sans perspective de formation, donc de progrès.

 

Le monde choral évolue, on le constate lors de ces rencontres où les groupes vocaux de qualité et les chorales ambitieuses voisinent des groupes sur le déclin donnant souvent une piètre image de ce que peut être le chant choral. Les associations chorales ont-elles, depuis 2002, "défini clairement l´orientation nouvelle qu´elle souhaitent donner à leurs rencontres" ? J´en doute. Tu l´écrivais à l´époque, il leur faudra du temps, mais le temps presse, il y a même urgence ! Je constate, comme toi peut-être, que nos sociétés traditionnelles vivent des heures difficiles. Diminution d´effectif, regroupement de chorales, disparitions sont les premiers signes d´un malaise. Depuis quelque temps, je crains le pire. En tant que responsable choral - la liste est longue ! - il ne s´agit plus d´accompagner un mouvement, mais d´en prendre la direction et de proposer des mesures concrètes pour la guérison du malade. A côté de l´ouverture, de l´innovation, éléments indispensables à la réussite des prochaines rencontres, il y a lieu de rechercher la qualité à tout prix. Les "responsables" ont-ils pris la mesure de la situation ? Peuvent-ils agir ? En ont-ils les moyens, la volonté, "le courage" ?

 

Comme toi peut-être, j´aimerais pouvoir en apprécier les changements.

 

molto vivace

 

 

Vos réactions à cet article
 
Message envoyé par Sympaphonie le 23/6/2006
Voilà qui devrait provoquer des réactions... Nous attendons vos messages. Certains pourraient paraître dans la prochaine version papier de notre journal... Pour ou contre, d´accord ou pas d´accord ? A vos claviers !


 
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