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Les ados retrouvent le plaisir de chanter dans des choeurs
article paru en Novembre 2006

Les ados retrouvent le plaisir de chanter dans des chœurs

Le karaoké a redonné l’audace d’entonner ses airs préférés

Les ados chantent. Ou plutôt rechantent. Le phénomène n’est pas absolument nouveau, mais il prend une réelle ampleur depuis quelques temps. Les chœurs des CO font à nouveau le plein. «Certains effectifs dépassent les 50 membres, voire frise les 100», note ainsi Bernard Contesse, délégué à l’éducation musicale des écoles neuchâteloises.

Et des concerts réunissant parfois plusieurs centaines d’ados ne sont plus rares. Comme si le chant, longtemps taxé de ringard, retrouvait des lettres de noblesse. Une mode, un renouveau? «Un effet, certainement, de la vague karaoké, répond pour sa part le Valaisan Bernard Oberholzer, maître d’éducation musicale. Cette manière de chanter en play-back a renforcé l’intérêt pour la musique, a redonné envie aux ados de chanter, leur a insufflé l’idée qu’on pouvait oser chanter. Nous nous sommes donc dit qu’il fallait profiter de cet élan.» «On n’est plus des extraterrestres quand on leur demande de chanter, ajoute Bernard Contesse. Les ados ne se sentent plus idiots, ils ont été convaincus par les Star’Ac et autres.»

Aujourd’hui, ainsi, presque toutes les écoles ont une chorale, les cours de chant ont réintégré les préaux. «Et le plaisir est revenu», se réjouit Bernard Oberholzer.

Mais que chante-t-on? «Certes, le répertoire a changé, précise Bernard Contesse. Il est devenu festif, il s’inspire des variétés. Mais c’est réjouissant. Ainsi 2600 enfants des écoles primaires neuchâteloises, accompagnés par l’Orchestre de Chambre de Neuchâtel, donneront neuf concerts en décembre. C’est la sixième édition d’un succès incroyable: ce sont les chanteurs eux-mêmes qui en redemandent. Une telle chose n’aurait pas pu être imaginée il y a dix ans…»

Cet engouement, cependant, est à nuancer: on chante plus, c’est vrai, mais chante-t-on mieux? «On peut toujours interpréter Mozart, assure Bernard Oberholzer. Mais le souffle apporté par le karaoké ou la Star’Ac, s’il a ouvert les portes du lyrisme à tous, n’a pas fait de tous des Pavarotti...» «On peut en effet parfois être déçu du résultat, poursuit Bernard Contesse. Cet engouement n’est pas toujours très sérieux, la discipline dans les chœurs est assez lâche; c’est le plaisir, la joie d’être présent qui priment.»

Et après? Après la période scolaire, les ados chantent-ils toujours? Ou cet enthousiasme retombe-t-il comme un soufflé mal surveillé? «Cela dépend, détaille Bernard Contesse. Dans les cantons où la tradition chorale est forte, le Valais, ou Fribourg, les chœurs de jeunes sont aussi plus nombreux qu’ailleurs. Ils font naturellement office de relais. Sinon, cette relève n’est pas aussi soutenue qu’elle le mériterait.»

Certains jeunes, en effet, poursuivent volontiers la découverte commencée. Mais ils privilégieront des formations qui allient musique et spectacle. «On ne chante plus en rangs d’oignons comme jadis, explique Bernard Oberholzer. On bouge, on danse, on s’inspire de traditions d’ailleurs, comme l’Afrique, on retrouve des traditions spontanées, festives de chez nous, comme le rythme des choraules. Les chorales au répertoire traditionnel ne font plus recette.» Et Bernard Contesse de conclure: «On s’inscrit dans des chœurs qui ont fait de certains répertoires leurs spécialité: le gospel par exemple. On veut bien se mettre dans un ensemble, mais on veut un plus.»

 

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