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Aïda: les passions du XIXe siècle européen
article paru en Juin 2007

Aïda est à l’Egypte ce que la moustache est au baiser: un mythe. C’est donc ailleurs que dans sa crédibilité historique qu’il faut chercher une explication au succès de l’opéra: dans l’engouement pour l’Egypte que connaît l’Europe du XIXe et du XXe siècles, et dans le génie d’un Verdi en pleine possession de ses moyens, capable ainsi de transcender une réalité historique qui lui échappe. Une fois de plus, Verdi joue sur la psychologie des personnages, laquelle témoigne bien davantage des passions humaines du XIXe siècle en Europe que d’une réalité pharaonique...

L’origine même de l’œuvre sacrifie à cette mode: Ismaïl Pacha, Khédive ou vice-roi d’Égypte, ambitionne de donner à l’Égypte l’image d’une grande nation à l’égal de d’Occident. Le percement du canal de Suez et la souveraineté de l’Égypte ouvrent des perspectives. Il fait construire un théâtre au Caire qui est inauguré en même temps que le canal de Suez, fin1870.

Mais la question du répertoire d’origine locale se posant, Ismaïl Pacha pense plutôt demander à des artistes occidentaux de créer des spectacles égyptiens que l’inverse. L’archéologue Auguste Mariette est chargé de garantir l’authenticité. C’est ce dernier qui propose un programme d’argument à l’un de ses amis, Camille du Locle, directeur de l’Opéra-Comique de Paris, et qui convainc Verdi de se lancer.

Aïda sera créée au Caire, au théâtre Khedival, le 24 décembre 1871 dans une version italienne signée Antonio Ghislanzoni.
 
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