Lausanne : 30 ans du Festival de la Cité - Et vive le jeune public !

Claude Vallon, un ancien Payernois , se retire, après 30 éditions, du comité d´organisation du Festival de la Cité de Lausanne (qui a lieu cette année du 7 au 15 juillet). Il programmait le secteur théâtre pour jeune public. Il évoque ici quelques souvenirs :

Les débuts du Festival de la Cité étaient étroitement liés aux manifestations de la Fête à Lausanne et ne bénéficiaient pas d´un budget important. Les troupes recevaient un cachet de Fr. 150.-, ce qui représente moins du dix-ième de ce qu´elles reçoivent au-jourd´hui pour une représentation.

La pluie a été une des contrariétés majeures du festival qui, par envie de soleil, s´est déplacé de juin à juillet, sans toutefois échapper aux averses, orages ou autres, obligeant les organisateurs à annuler des représentations.
Une année, les trois représentations que la compagnie belge Sac-à-dos devait donner, menaçaient d´être toutes annulées.
Le responsable et seul comédien de la troupe ne voulant à aucun prix quitter Lausanne sans avoir joué au moins une fois, nous avons évoqué avec lui toutes les solutions possibles de repli pour en retenir une : et si nous placions le spectacle dans la Cathédrale ?
Démarche auprès du pasteur qui me demande de quel spectacle il s´agit et ce qu´il contient. Après une conversation fournie, il accepte tout à fait exceptionnellement d´ouvrir la Cathédrale. "
L´espace de jeu devra être bien délimité ", termine-t-il. Une solution est trouvée. Les spectateurs sont ravis et la troupe encore plus. Chaque fois que je rencontre le responsable de Sac-à-dos, il a un sourire : " Lausanne ? la Cathédrale ? Un bon choix " , me rappelle-t-il.

Mais il y a des décisions plus cruelles. L´attente du public sous la pluie, parapluie ouvert mais grelottant. Une éclaircie peut-être ? Et puis rien. Il faut renvoyer tout le monde. Des déçus, beaucoup de déçus. A commencer par les comédiens bien sûr.

Les parents amènent des enfants de plus en plus petits aux spectacles, oubliant que dans leurs poussettes, les bébés n´y ont pas encore accès.
Il nous a fallu créer des parcs à poussettes pour éviter que ces véhicules n´encombrent l´aire réservée aux spectateurs. Les scènes petites du plein air sont d´un attrait magique pour les enfants qui s´y pavanent et y courent en avant-spectacle.
Il s´agit pourtant de les ramener dans l´espace réservé au public en essayant de leur faire comprendre que l´aire de jeu est exclusivement réservée aux comédiens et qu´ils ne doivent pas prendre des habitudes qui pourraient entraver le bon fonctionnement des spectacles.
Peine perdue. Les enfants rampent vers la scène au cours du spectacle rendant parfois problématique la gestion de l´espace par les artistes. Certains savent maîtriser cet inconvénient, d´autres moins.
Et si le programmateur intervient, il y a toujours une voix de parent pour commenter "
Mais c´est un spectacle pour eux ! Pourquoi les empêcher de manifester leur plaisir ? " Pas facile de donner du plaisir sans discipline. Il y a malheureusement peu de gens pour le comprendre.
Les parents sont parfois plus têtus que les enfants.

A la fin des représentations, nous offrons une petite collation aux artistes adultes sur la scène où ils viennent de se produire. En général, c´est un petit blanc du coin avec des flûtes vaudoises. Il est devenu si traditionnel ce petit blanc qu´il a le goût de l´été lausannois (ou l´inverse). En Belgique, d´où nous faisons venir régulièrement des spectacles jeune public pour la Cité, cette boisson s´associe à notre fête comme la bière à leurs festivals. " Lausanne, le petit blanc, quand est-ce qu´on y retourne ? " Et ça se dit d´une troupe à l´autre. "
Lausanne ? Quand vous voulez, on vient... "

Le Festival de la Cité, c´est ça. Des plaisirs et des saveurs relevés d´impatience lorsqu´il s´agit de spectacles pour jeune public. D´impatience fourmillant d´envies. Rien que pour ça, 30 ans c´est gratifiant.