Musique et jeu vidéo: le budget triple |
article paru en décembre 2007 |
Après avoir été longtemps négligée par les plus grands réalisateurs de jeux, la musique commence à prendre de plus en plus d’ampleur. En effet, il y a quelques dizaines d’années, la musique des jeux se contentait de rester un temps soit peu supportable pour le joueur. Celui-ci se contentait des traditionnels «bip bip tut tut». Bien loin des grandes musiques dignes d’Hollywood d’aujourd’hui. Et cela se fait ressentir quand on compare les coûts des jeux car, en trois ans, le budget de la musique d’un jeu a carrément triplé atteignant aujourd’hui plus de 150’000 dollars (soit environ 5% du budget moyen d’un jeu). Cela explique ceci car, vous l’aurez sûrement remarqué, les compositeurs de films sont de plus en plus nombreux à composer une bande-son pour un jeu. MGS 2 a été le premier à se lancer dans cette mode en faisant appel à Harry Gregson Williams, digne compositeur de films tel que Spy Game, Shrek, Ennemi d’Etat ou Chicken Run. Mais ne vous y trompez pas: composer une musique de jeu n’est pas aussi aisé que composer une BO de film. Car dans les jeux, c’est le joueur qui décide ce qu’il fait, tandis que dans les long-métrages, le scénario est définitif et le spectateur ne peut l’influencer. «Il faut toujours avoir à l’esprit qu’un joueur qui reste coincé à un endroit ne veut pas entendre la même boucle encore et encore, la musique est non linéaire, interactive, gérée en temps réel», a déclaré Jack Wall, primé pour la musique de Myst III: Exile, qui s’est vendue à 25’000 exemplaires, ce qui est plus qu’honorable pour une bande-son non japonaise.
Excellent facteur marketing
La musique sert à donner une ambiance au jeu et a accroître les émotions du joueur. C’est un peu le même rôle que la musique d’un film, mais si dans un film la bande son est destinée à accompagner l’action, pour les jeux vidéos, l’acteur étant le joueur, la musique va alors accompagner le joueur dans l’univers du jeu, de façon à le plonger littéralement dans le titre en lui-même. «Les jeunes passent plus de temps à jouer aux jeux vidéo qu’à écouter la radio ou à regarder la télé, estimait cet été Steve Schnur, directeur musique chez Electronic Arts, lors d’un discours au festival de jeux vidéo d’Edimbourg. Et ce qui est sûr, c’est que les jeux ont changé la facon dont on écoute la musique.» «C’est un système de diffusion très intéressant pour les labels, a poursuivit pour sa part Didier Lord, directeur d’Ubi Music, et de plus en plus de musiciens veulent apparaître sur les BO de jeux.» Les maisons de disque l’ont compris, la BO des JV est sur le point de devenir un nouveau genre de musique tel que le pop, le rock ou encore le jazz. Les licences de CD affluent. Prenez par exemple GTA Vice City qui, avec toutes ces musiques (une dizaine de radios intégrées au jeu) proposait sept compilations thématiques peu après sa sortie. Mais il faut comprendre les artistes: pouvoir entendre son titre dans un jeu écoulé à plus de 10 millions de copies, on peut dire que ca fait de la bonne pub. Les distributeurs de jeux vidéo en France sont intéressés par la distribution des CD avec les jeux, il y a un marché pour ça. Très bientôt, ils serons capables de vendre leur propre musique à travers un catalogue musical original, des téléchargements payants, ou des sonneries...
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